Santé : se soigner à Vitry

Réalisé par la rédaction - Publié le 11 janvier 2024

La ville mène, depuis longtemps, une politique de santé volontariste avec notamment un centre municipal de santé, un centre médico-psycho-pédagogique et un service de promotion de la santé dynamiques. L'action s'intensifie avec, en particulier, le nouveau contrat local de santé, qui fixe des objectifs et actions pour les quatre ans à venir. Un point important en ressort : être bien informé sur l'offre de proximité est un critère important pour bien se soigner.

Visite guidée du centre municipal de santé avec le docteur Claire Meignan

Faire du droit à la santé une réalité

Trois mois d’attente pour un rendez-vous chez le kinésithérapeute. Près d’un an pour consulter un orthophoniste… C’est ce que révélait l’étude réalisée à Vitry en 2022 par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS), qui représente les professionnels de santé libéraux. Des chiffres qui corroborent le ressenti partagé par certains habitants.

En 2022, selon un diagnostic mené par le service Promotion de la santé, 4 Vitriots sur 10, âgés de 25 à 64 ans, rencontraient des difficultés dans l’accès aux soins : outre les délais d’attente pour un rendez-vous, se pose aussi le problème des médecins surchargés qui ne prennent plus de nouveaux patients et celui du coût des consultations et des examens. De plus, cardiologues, dermatologues, ORL... se font rares. Loin de se réduire à la ville de Vitry, la crise du secteur de la santé se lit à l’échelle régionale et nationale : l’Île-de-France est la région la plus touchée par la désertification médicale. “En douze ans, elle a perdu 3 742 médecins”, assure David Bresson, représentant de l’URPS. Depuis 2015, sept médecins traitants ont quitté Vitry. En cause ? La démographie médicale : les professionnels de santé sont de plus en plus âgés et partent à la retraite. “C’est préoccupant : 47 % des généralistes à Vitry ont plus de 60 ans, et nous n’avons aucune certitude qu’ils seront remplacés d’ici dix ans”, résume Olivier Panzani, directeur général adjoint de la ville en charge de la Santé.

“La priorité est de garantir un accès aux soins égal pour tous, car la précarité peut parfois aboutir à des renoncements aux soins. [...] Nous conduisons des actions de prévention pour réduire les maladies évitables, par le dépistage pour les cancers, par la promotion des comportements favorables à la santé pour lutter contre les addictions et l’obésité chez les jeunes”, indique Agnès Jeannet, conseillère municipale déléguée à la Santé, coprésidente de la CPTS de Vitry.

  

“La ville a développé une offre de soins gratuite. Le centre municipal de santé propose toute la panoplie des soins courants. En santé mentale, la ville offre aux enfants une prise en charge adaptée au CMPP l’Imagerie. Elle mène des actions pour coordonner les acteurs de santé et fixe des priorités communes dans un contrat local de santé (CLS) coconstruit pour rendre l’accès à une bonne santé plus égalitaire et plus efficace”, poursuit Agnès Jeannet.

Faire connaître l'offre de soins existante

À travers le contrat local de santé, document qui cadre la politique municipale de santé jusqu’en 2028, plusieurs objectifs sont identifiés pour favoriser l’accès aux soins. Dont celui de faire connaître l’offre existante, car la ville dispose d’un réseau diversifié de professionnels de santé salariés qui se décline en plusieurs dispositifs : le centre municipal de santé (CMS) Pierre-Rouquès, le centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) l’Imagerie, destiné aux 0-20 ans qui souffrent de troubles psychomoteurs, du langage, du comportement ou de l’apprentissage, des centres de protection maternelle et infantile (PMI), un service de soins infirmiers à domicile et des centres de santé sexuelle.

“Dans toutes ces structures, il y a des professionnels présents qui assurent des consultations conventionnées secteur 1, donc sans dépassement d’honoraires”, explique Rose Faye, chargée de projet au service Promotion de la santé.

Un service public d’autant plus essentiel que l’Éducation nationale peine à recruter un médecin scolaire pour les écoles de Vitry. À ces structures s’ajoutent l’hopital privé, sur les sites Pasteur et des Noriets, et le centre médico-psychologique (CMP), sur la dalle Robespierre, qui accueille les adultes en difficulté psychique, ainsi que les PMI et centres de santé sexuelle départementaux.

Au CMS, le service d’accueil médical initial (Sami) assure des consultations aux horaires de fermeture des cabinets, le soir, le week-end et les jours fériés, sans rendez-vous.

Une meilleure coordination des professionnels de santé

“La ville coordonne, au sein d’un conseil local de santé mentale (CLSM), les institutions du secteur sanitaire et médicosocial. Elle mobilise les professionnels autour d’objectifs communs au sein d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS)”, indique Agnès Jeannet.

La communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), récemment créée en partenariat avec la caisse primaire d’assurance maladie et l’Agence régionale de santé, est une structure associative. Elle entend regrouper les professionnels de santé du territoire, libéraux et salariés. Elle est la dixième du département à voir le jour.

“Aujourd’hui, c’est une réelle demande des professionnels qui souhaitent exercer leur métier de façon plus collective”, assure Olivier Panzani.

La trentaine de membres qui a rejoint la CPTS se mobilisent autour d’actions comme garantir l’accès à un médecin traitant pour les personnes fragiles et améliorer les parcours de soins en permettant aux professionnels qui suivent un même patient de mieux travailler ensemble. Installé à Vitry depuis 35 ans en centre-ville, Bernard Szelechowski, généraliste et pédiatre, a rejoint la CPTS pour retisser les liens entre professionnels de santé “dans l’intérêt des patients et des professionnels, souligne-t-il. Aujourd’hui, on communique moins, on exerce son métier de façon isolée, et on n’a pas forcément connaissance des nouveaux médecins qui s’installent”. Indispensable pour mieux soigner, le relationnel entre pairs permet aussi d’attirer de nouveaux professionnels. Camille Truong, généraliste, exerce depuis trois ans à Vitry. Elle est l’ancienne interne du docteur Szelechowski. “Je suis venue exercer à Vitry, car c’est ici que j’ai été formée”, explique-t-elle.

La communauté professionnelle territoriale de santé ambitionne de faciliter ces mises en relation en encourageant l’embauche de stagiaires et en développant l’accompagnement des professionnels dans leur installation. Elle se mobilise pour améliorer le parcours de soins