Budget 2022 : sous contrainte, mais volontariste

Malgré les baisses de dotations de l’État et les pertes de ressources fiscales, le budget primitif 2022, adopté lors du conseil municipal du 30 mars, parvient à maintenir le même niveau de service public, et privilégie une nouvelle fois l’éducation, la jeunesse, la solidarité, tout en multipliant les investissements pour moderniser la ville, et en réduisant les dettes.

Après des mois de travail, le budget primitif de la ville a été voté lors du conseil municipal du 30 mars dernier. C’est un budget volontariste construit dans un contexte toujours contraint, tendu et difficile. La faute à la baisse continuelle des dotations de l’État aux collectivités territoriales, entraînant la baisse de leur autonomie fiscale, avec la fin de la taxe professionnelle ou, bien sûr, la suppression de la taxe d’habitation.

Tout cumulé, le budget 2022 s’établit à 230 millions d’euros.

Les recettes principales de la ville sont les impôts locaux et les taxes, qui rapportent un peu plus de 130 millions d’euros.

“La ville perçoit des recettes dont elle n’a plus la maîtrise, des sommes invariablement stables depuis des années, rappelle Jean-Marc Henwood, directeur des services Financiers. Ainsi, la métropole du Grand Paris nous verse l’attribution de compensation, soit 52,7millions, une somme qui ne bouge pas d’année en année. La seule marge de manœuvre communale reste la taxe foncière, qui représentent 56millions.”

Autre gros poste de recettes, les dotations qui, pour la plupart, proviennent de l’État. On y trouve la dotation globale de fonctionnement, souvent appelée DGF. Elle contribue au financement des villes et, à Vitry, elle baisse tous les ans malgré une population croissante, des charges supplémentaires, notamment pour les nouveaux logements, les services publics et des nouvelles classes dans les écoles.

Aujourd’hui, la DGF représente 5,8 millions d’euros alors que, il y a encore quelques années, elle se montait à près de 16 millions ! Sur la période 2015-2021, le manque à gagner de la ville s’établit ainsi, sur ce point, à 53 millions d’euros.

Une préparation budgétaire sous contrainte

L’autre difficulté à laquelle Vitry a dû faire face a été la contractualisation qui a obligé les collectivités à réduire leurs dépenses de fonctionnement alors qu’elles évoluent naturellement. De plus, depuis deux ans, la crise sanitaire impacte sérieusement le budget. Pour faire face à cet événement sans précédent, la ville a engagé des dépenses conséquentes : équipements individuels, ouverture d’un centre de dépistage et d’un centre de vaccination...

Dans le même temps, elle a fermé les écoles, les cantines, les équipements culturels, en maintenant le salaire des agents. Si cette crise sanitaire n’est pas encore terminée, la crise ukrainienne peut, elle aussi, avoir d’importants impacts sur les budgets des années à venir... En effet, le nouveau budget a été préparé alors que la Russie n’avait pas encore envahi l’Ukraine.

La municipalité demeure donc attentive à l'évolution des coûts de l'énergie, à ses consommations, ainsi qu'à ses dépenses de fournitures diverses. Elle fera le maximum pour absorber les évolution des prix et supporter ces hausses, sans les répercuter sur les Vitriots.

Mesures volontaristes et baisse des charges financières

Parmi les priorités de Vitry, on peut citer :

  • le maintien du soutien aux associations, également impactées par la crise sanitaire (3,7 millions d’euros en 2022),
  • la maîtrise des dépenses de fonctionnement tout en maintenant ses services publics (environ 100 millions d’euros, sensiblement le même montant qu’en 2021,
  • un budget des charges à caractère général en baisse par rapport à l’année dernière, soit 34,8millions),
  • la recherche de financements externes sans cesse développée (4,8 millions en 2022 contre 2,2 millions en 2021).

Dans le même temps, Vitry tente de maîtriser ses dépenses en épurant sa dette qui a augmenté de 33 % sous le mandat précédent.

De fait, le stock de dettes est passé de 120 millions d’euros à 163 millions entre 2014 et 2020. Il est aujourd’hui stabilisé à 160 millions d'euros. Ce travail permet également d’alléger les charges financières. Ainsi, le remboursement annuel de la dette est passé de 14,1 millions d’euros à 13,5 millions. L’année dernière, le besoin d’emprunt était de 24 millions d’euros. Cette année, il est de 20 millions. La municipalité a pratiquement baissé le recours à l’emprunt de 4 millions. Par ce choix, elle veille à pouvoir préserver ses capacités budgétaires pour les années à venir.

La ville a également décidé d’augmenter la taxe foncière de 3,3 %.

“Cela n’impactera que les propriétaires, ce qui rend la mesure plus juste que ne le furent les augmentations de taxe d’habitation, assure Sarah Taillebois, adjointe aux Finances et à l’innovation. Ce qui permet de ne pas augmenter les tarifs des services publics, fixés sur une politique de quotient familial permettant aux Vitriots de ne pas payer la totalité du coût du service et d’avoir une dégressivité en fonction de leurs revenus. L’augmentation de la fiscalité nous apparaît plus juste.”

Malgré cela, la taxe foncière restera en deçà des moyennes des villes de taille équivalente à celle de Vitry.

Des investissements toujours en hausse

Dans l’élaboration du budget, Vitry a fait un énorme travail pour alimenter fortement la section investissement, avec un total de 29 millions d’euros, ce qui permettra de financer des projets importants, notamment :

  • l’OIN à hauteur de 4,74 millions par an,
  • le centre aquatique, les espaces verts,
  • des zones d’aménagement concerté (ZAC), comme celle de Rouget-de-l’Isle,
  • le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) Cœur de ville, même s’il n’en est qu’à la phase d’étude pour l’instant.

Un budget en hausse par rapport à celui de l’année dernière dans une ville où il faut construire et moderniser, une ville à la recherche des subventions de la part de partenaires comme l’État, le département, la région pour financer ces nouveaux projets. Ville innovante, Vitry prépare l’avenir, et le budget 2022 va donc continuer à prioriser les investissements permettant d’améliorer le cadre de vie des Vitriots, de favoriser la solidarité, la rencontre entre la culture et les habitants et de répondre aux besoins de sa population.

De fait, les gros postes de dépense restent les mêmes : l’éducation, l’action sociale, la santé, l’aménagement urbain (entretien de la voirie, nettoyage, éclairages...), le sport et la jeunesse avec notamment le réaménagement des cours de l'école Wallon, l'achat de matériel informatique pour les écoles, la création du parc des Prairies du fort ou encore la rénovation de la crèche Vaillant. La politique éducative est une composante essentielle de Vitry. Elle mobilise la part la plus importante du budget de fonction- nement (environ 50 millions) et prend en compte l’évolution des besoins induits par la croissance démographique de la ville pour encourager l’égal accès à l’éducation et continuer à entretenir le patrimoine scolaire.

Le budget d'entretien des bâtiments scolaires progresse de 2 millions d'euros en 2022.

La municipalité s’engage également à développer une offre culturelle et artistique de proximité, diversifiée et accessible. En matière de solidarité, elle continuera à soutenir massivement le centre communal d’action sociale (CCAS), soulignant l’importance des services apportés en direction des seniors, des plus démunis ainsi que le soutien aux personnes porteuses de handicap. Dans une ville en mutation, c’est un budget de lutte qui défend son territoire et la qualité de vie de ses habitants.

Marc Godin