Simone Roger : aidante récompensée

Un lundi matin gelé de la fin décembre, dans les locaux d’Âges et vie 94 au cœur de la cité Robespierre, Simone Roger, 78 ans, membre du conseil d’administration de l’association, se raconte sans chichi.

Nous sommes à quelques enjambées de la rue de la Petite-Fontaine où elle a grandi avec ses parents. L’un était fermier agricole en Seine-et-Marne, l’autre était cuisinière dans une ferme, immigrée slovaque.

“Le quartier a beaucoup changé, mais je m’y sens toujours bien. Je me souviens du luxe lorsqu’on a été relogés au 113, rue Camille-Groult, on avait enfin une salle de bain !” Explique l’assistante sociale à la retraite, qui n’a jamais quitté Vitry.

Enfin si, à partir de la seconde, il a bien fallu se rendre chaque jour à Paul-Valéry, dans le XIIe arrondissement de Paris, en bus (le 182 et le PC !), car à l’époque, la ville ne comptait pas encore de lycée. La jeune femme, décidée, a déjà ficelé son projet professionnel en se renseignant au centre d’information et d’orientation (CIO). Ses parents, travailleurs, mais n’ayant pas fait d’études, la soutiennent sans ciller. Elle veut s’orienter dans le social, si possible auprès d’enfants placés. “Je ne sais pas pourquoi cette idée m’est venue, mais j’étais très sûre de moi.”

Aider les personnes âgées plutôt que les enfants

Bonne élève, elle réussit ses études haut la main puis gravit les échelons de sa profession un à un. Un seul changement par rapport à l’itinéraire qu’elle avait prévu : celui d’aider les personnes âgées plutôt que les enfants. “Mon premier stage avec le KB en hospitalisation à domicile m’a convaincue.” Elle rencontre son mari, dessinateur industriel, à l’anniversaire d’un ami commun près de la gare. Ils se marient trois ans plus tard et achètent un terrain dans le Centre-ville pour y construire leur maison. Elle ajoute, pragmatique :

“Lorsque je suis devenue maman, je travaillais à Charles-Foix, et cela était bien pratique de pouvoir mettre mes garçons à la crèche de l’hôpital”.

Cette qualité d’organisation lui a sans doute valu de gérer des situations complexes… Mise en place du nouveau service d’hôpital de jour de Charles-Foix, expériences de cadre dans plusieurs grands hôpitaux comme Henri-Mondor ou Émile-Roux, reprise d’études à 37 ans, poste de responsable du service social du personnel au siège de l’AP-HP. “J’ai toujours été au bon endroit, au bon moment”, commente modestement celle qui, une fois la retraite venue, a souhaité donner de son temps pour l’association Âges et vie 94. Une structure composée de plus de 300 professionnels qui aident les personnes âgées ou malades dans leur vie quotidienne et apportent des soins infirmiers, parfois nécessaires.

“Je me suis naturellement engagée dans le bureau de l’association en mettant mes connaissances du secteur et mon réseau à profit. Mais aujourd’hui, on manque tellement de moyens et de personnel…” lance-t-elle, toujours aussi concernée par son sujet.

Comment garder la pêche quand on travaille dans un secteur en crise ? Simone, alerte et élégante, répond : “J’ai une vie de famille riche. Beaucoup d’amis. Puis j’ai souvent voyagé, notamment pour découvrir la culture slovaque. J’ai aussi pris plaisir à faire de la danse folklorique, puis du sport avec l’ESV (rando, yoga, aquagym). Maintenant, je suis passée à des activités encore plus douces avec le CCAS…”

Après tout, vieillir harmonieusement est une question d’adaptation, et qui d’autre que Simone pourrait mieux savoir s’y prendre ?

Pour aller plus loin retrouvez le portrait minute de Simone Roger sur Instagram

Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz

REPÈRES
1946 : Naissance à Créteil
1967 : Premier poste d’assistante sociale à l’hôpital Charles-Foix.
1985 : Maîtrise en gestion des institutions à la faculté Paris-Dauphine.
1989 : Devient responsable du service social du personnel au siège de l’AP-HP.
2002 : Part à la retraite et entre au conseil d’administration d’Âges et vie 94
2024 : Reçoit la médaille de l’ordre national du Mérite en septembre.