Jean-Claude Rosenwald, historien de Vitry
Publiée le 13 janvier 2025 - Mise à jour le 13 janvier 2025
Scientifique de formation, Jean-Claude Rosenwald est depuis plus d’un an le président de la Société d’histoire de Vitry. Portrait d’un historien autodidacte d’utilité publique très investi dans la vie locale.
Chez les Rosenwald, les trois enfants ont quitté le nid depuis longtemps, mais la maison n’est pas vide pour autant. Jean-Claude, le regard aussi vif que les gestes sont doux, explique : “Je ne jette rien, la maison est pleine. Je suis un peu l’archiviste de la famille”. Et pour cause, lorsqu’il grandit à Asnières avec ses deux parents et sa sœur au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’histoire avec un grand “H” pèse lourdement, mais ne se raconte pas.
“Des membres de ma famille ont été déportés. Ce n’était pas caché mais on n’en parlait pas.”
Les preuves de ces années terribles ; étoiles jaunes, tickets de rationnement, bracelets de soldat lui reviennent naturellement de ses parents et sa tante, et Jean- Claude les utilisera d’ailleurs pour l’exposition sur les 80 ans de la Libération de Vitry. Mais ne sautons pas huit décennies sans s’attarder sur le chemin parcouru. “J’étais attiré par les sciences et la médecine comme mes parents. Je suis devenu ingénieur en informatique et j’ai développé des programmes informatiques appliqués à la radiothérapie. J’ai travaillé dix ans à Gustave-Roussy à Villejuif puis trente ans à l’institut Curie en tant que physicien médical.”
Sa femme, Marienne, demande si elle peut prendre part à la discussion. Jean-Claude raconte leur rencontre en 1963, les voyages en Israël, dans les kibboutz d’alors, zones d’entraide et de vie en communauté. Puis leur mariage, leur installation à Vitry pour se rapprocher du lieu de travail de l’un et de l’autre. “On a tout de suite adoré l’ambiance.” Le couple y élèvera ses trois enfants, s’investira dans le quartier, via l’Association de quartier du Port-à-l’Anglais, la chorale puis, naturellement, via la Société d’histoire. “Depuis que je suis étudiant, je suis toujours celui qui accepte de devenir le secrétaire des associations”, sourit Jean-Claude.
Rendre hommage au travail de mémoire
Ce dernier s’implique alors de plus en plus dans la Société d’histoire. “J’aime exploiter tous les documents, rendre hommage au travail de mémoire qui a été fait avant moi, mais je n’aurais pas voulu en faire un métier. D’ailleurs, je suis nul en histoire de France, en dates, j’ai un petit complexe !” Un aveu qui n’empêche pas Jean-Claude de se passionner pour l’histoire locale. En 2014, il réalise une base de données des Vitriots morts pendant la Grande Guerre. En 2019, il partage ses découvertes sur le château de Vitry grâce à une riche et belle exposition.
“Je voyais le château sur d’anciennes cartes postales, mais je n’arrivais pas à le situer, alors j’ai voulu comprendre”, confie celui qui aime chiner. Fin septembre-début octobre, c’est également Jean-Claude qui a assuré la coordination de l’exposition Vitry-sur-Seine 1939-1944. Ce temps fort, organisé avec la municipalité pour commémorer les 80 ans de la Libération, laisse désormais place à de nouveaux projets. Toujours soucieux de transmettre et d’aider à faire revivre le passé, notamment à travers l’évocation d’une future exposition sur les lilas de Vitry, Jean-Claude redouble d’énergie.
“J’aime déceler, à travers l’architecture de la ville, les événements passés. Et puis je pense qu’on doit valoriser la mémoire de Vitry, raconter l’histoire des lieux et mettre à l’honneur les monuments importants.”
L’entretien se termine dans le partage ; distribution de moelleux à la pomme fait maison, branche de verveine cueillie au seuil du jardin. “On en a tellement, prenez-en !” On ne sait plus trop si Jean-Claude parle de la tisane apaisante ou de ses connaissances sur la ville. Sûrement un peu des deux.
Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz