Front politique contre Sanofi qui abandonne Gentilly

Publiée le 28 novembre 2024 - Mise à jour le 03 décembre 2024

L’inquiétante volatilité stratégique de Sanofi touche le siège et la recherche et développement à Gentilly que 3 400 chercheurs devraient quitter dans trois ans. Vitry, qui pourrait en accueillir 700, s’associe aux protestations des salariés, syndicats et élus du Val-de-Marne de tous bords, lors d’une conférence de presse organisée le 15 novembre.

 « Comportement voyou, délinquant, décision inadmissible, déshonorante, très mauvaise nouvelle… »

Les mots prononcés vendredi 15 novembre ont sévèrement qualifié Sanofi et ses décisions du début du mois. À l’appel d’une conférence de presse du maire de Gentilly, Fatah Aggoune, devant le siège de Sanofi, avenue Raspail à Gentilly, ville d’implantation historique de la recherche et développement (R&D) du groupe pharmaceutique, une foule s’est formée au pied de la fontaine sur le parvis du siège moderne construit il y a neuf ans. Une centaine de personnes y sont venues s’offusquer du déménagement prévu en 2027-2030 annoncé par Sanofi le 5 novembre.

Mobilisation de grande ampleur

Salariés, syndicalistes sous les bannières cégétistes, représentants politiques locaux de tous bords, sénateurs, députés, élus au conseil départemental, maires et conseillers ont protesté…

 « On nous avait dit que s’était super important de s’installer ici », explique une déléguée syndicale du site qui se dit « sidérée » et se sent trompée.

« Cela a été une vraie surprise qu’on nous dise que nos locaux récents, un modèle favorisant l’ambiance de travail et d’échanges pour la R&D, allaient fermer pour que l’on rejoigne une des tours du quartier d’affaires de la Défense », déclare Yoann Grateloup, délégué syndical central. « Les derniers des 3 400 chercheurs regroupés ici il y a 6 mois, venus du site fermé de Chilly-Mazarin, vont devoir à nouveau bouger, désespère-t-il. 700 vont à Vitry, les autres à la Défense. » 

Indignation des élus

Indigné et encore choqué, le maire de Gentilly dénonce « la trahison de Sanofi vis-à-vis de son histoire depuis un siècle avec la commune » et se dit « déterminé à se battre pour que le groupe reste sur le territoire ».

Le maire de Vitry, Pierre Bell-Lloch, solidaire, commente : « si Sanofi est capable de fermer son siège, comment croire en l’annonce que 700 chercheurs s’installeront à Vitry. Pourtant des dépenses publiques, d’aménagement et de transports ont été investies, entre autres, pour accueillir ou maintenir les entreprises et favoriser l’emploi. »

Ainsi, le président du conseil départemental, Olivier Capitanio, en appelle « à la responsabilité territoriale du groupe » et souligne que « l’implantation cohérente dans sa proximité avec l’IGR Roussy a pesé pour modifier le PLU et implanter la station de ligne 15 du métro Grand Paris Express ».  

Le président du Grand-Orly Seine Bièvre (Gosb), Michel Leprêtre, déplore « ce départ du pôle d’excellence de la cancérologie… un saut dans le vide et un pari ringard d’une entreprise non plus vouée à la santé, mais aux finances. Elle encaisse les aides, réduit son imposition, voire licencie, mais refuse de rendre à la communauté ce qu’elle a reçu ».

La sénatrice Laurence Rossignol critique « ces entreprises, val-de-marnaises ou françaises quand elles ont des subventions mais qui deviennent internationales quand elles n’en n’ont plus ».

288 suppressions de postes validés à Vitry

Devant les journalistes, le président du Gosb a réclamé une commission d’enquête sur les pratiques de Sanofi et une rencontre avec le Premier ministre. La députée Mathilde Panot a annoncé une proposition de loi au Parlement interdisant les licenciements boursiers « tel que pratiqués par Sanofi devenu un exemple parfait du capitalisme financier obsédé par le profit », et la députée Sophie Taillé-Polian a souhaité le retour de l’application de la taxe professionnelle face à « ces nouveaux délinquants irrespectueux de leurs engagements vis à vis des communes et de l’État ».

Le secrétaire de l’UL CGT Vitry, Renaldo Raich, appelle quant à lui « à la convergence des luttes avec les licenciés de Michelin et Auchan en France », en révélant la validation de la Direction régionale interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets), ce même jour, de la suppression de 288 postes à Vitry.

Gwénaël le Morzellec

 

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