Lilian Thuram invité du Meet’up

Les gradins du théâtre Jean-Vilar sont garnis d’enfants, de parents, d’élus et de célébrités. En ce dimanche après-midi, ils sont tous là pour voir une icône : Lilian Thuram ! « En 1998, on avait marché de Vitry jusqu’aux Champs-Élysées, raconte Mokobé au micro. Tu es le grand frère, tu es une légende ! »

Sur scène, Lilian Thuram sourit. À 52 ans, s’il n’a plus la silhouette de ses années de haut niveau, l’homme, assis entre quatre jeunes Vitriots, véhicule des mots aussi tranchants que ses tacles. Le champion du monde est en effet venu parler du racisme dans le cadre des Meet’up, ce rendez-vous trimestriel organisé par la Maison de la jeunesse autour d’une personne au parcours inspirant.

« Je suis devenu noir à l’âge de 9 ans, raconte celui qui a créé une fondation d’éducation contre le racisme et écrit plusieurs livres sur le sujet. C’est en arrivant en métropole depuis ma Guadeloupe et en me faisant traiter de sale noir que j’ai pris conscience de ma couleur. »

Durant une heure, tel un vieux sage, il interroge le conditionnement de nos pensées qui hiérarchisent les couleurs, les sexes, les religions et invite le public à cultiver la liberté de penser. « Pourquoi je dis ce que je dis, pourquoi je pense ce que je pense ? » répète-t-il philosophiquement. Visiblement stimulés, beaucoup de Vitriots ont ensuite pris le micro. Une jeune femme, RH dans une entreprise, partage sa frustration de ne pas faire bouger assez vite la société.

« Seuls les gens qui agissent sont frustrés, rassure-t-il. Vous ne verrez pas la fin du racisme mais beaucoup de progrès ont été faits : mon grand-père est né soixante ans après la fin de l’esclavage, ma mère est née quand la France avait le code de l’indigène, je suis né lorsque l’Afrique du Sud était sous apartheid. »

Comprendre et se défendre avec intelligence. Pas étonnant que ces conseils proviennent d’un des plus grands défenseurs de l’équipe de France de football.

Weilian Zhu