Arthur Sidoroff, “l’homme-équestre”

Publiée le 30 septembre 2024 - Mise à jour le 11 octobre 2024

Il a grandi à Vitry, surtout dehors. A appris son métier de circassien sur le tas, en mode nomade. Puis, il est revenu organiser des spectacles à Vitry, dehors encore. Voici le parcours d’Arthur Sidoroff, artiste complet toujours en quête de déséquilibre.

En ce moment, Arthur Sidoroff cherche un grand lieu fixe pour se produire et installer sa troupe de cirque, La Fauve, une dizaine de personnes et leur ménagerie (son cheval Johnny et quatre autres, une chèvre et un chien-loup).

“Notre idée, c’est de venir au contact des habitants, manger avec eux, montrer le processus de création et pas seulement le résultat. Quand j’ai créé notre deuxième spectacle “Rêve parade” [en partenariat avec le théâtre Jean-Vilar et le centre social la Maison des Vitry’haut], c’était suite au fameux débat sur les métiers de la culture non essentiels, pendant le confinement. Faire rêver dans notre société reste nécessaire !”

Mais avant d’en arriver là, avec sa structure associative solide, son réseau pro bien rôdé et ses compétences de circassien (équilibriste, danseur, dresseur de chevaux, metteur en scène), Arthur a gravi les échelons un à un, sans empressement ni ambition forcée. Juste tranquillement, mû par la passion du cirque qui a grandi en lui tout naturellement. “Mon grand-père, russe, adorait le cirque. Mon père nous y emmenait enfants mes frères et moi.

Et puis il y a eu un déclic quand j’ai vu mon frère aîné faire des acrobaties sur les mains à l’ESV. J’ai voulu m’inscrire. Ça ne m’a pas quitté.” Élève au collège Casanova, Arthur préfère la compagnie de ses potes à celle de ses manuels et fait de Vitry son terrain de jeu préféré.

“C’est ici que j’ai nourri mon imaginaire, au foyer des Ardoines, dans les terrains vagues du parc des Lilas. Il y avait aussi un funambule, un vieux qui s’entraînait derrière la Semise, j’étais fasciné. Et puis j’ai fait mon stage de troisième chez Zingaro à Aubervilliers ! J’étais déterminé, j’ai cherché, appelé moi-même.”

Comme Arthur n’obtient pas son brevet, il doit s’orienter plus vite que prévu. Il choisit le CAP palefrenier au lycée agricole de Tours. Ses parents l’ont alors soutenu, malgré leurs craintes. À partir de là, Arthur ne se souvient que des moments de plaisir avec les chevaux. Il apprend à s’en occuper, à les dresser, à vivre en caravane. Et accumule les expériences dès qu’il le peut, en écurie d’attelage, dans un cirque traditionnel en Bretagne où il apprend à monter un chapiteau. L’objectif étant toujours de se perfectionner.

À 20 ans, il passe le concours d’accès à l’École nationale des arts du cirque. Son profil est atypique, mais le milieu l’a déjà adopté. Il découvre alors la danse, qu’il pratique, bien sûr, sur un câble. Et devient vite un artiste demandé. En 2020, le Kilowatt lui propose de créer des ateliers de cirque pour enfants. Il accepte, mais invente le concept de son futur spectacle, une parade de cirque remixée. “On est allé chercher les jeunes dans les cités, à Colonel-Fabien, à Robespierre. Notre objectif, c’est de susciter l’envie, pas de transmettre de manière descendante.”

D’ailleurs, un des habitants est devenu stagiaire de la compagnie ! Depuis, la troupe tourne dans toute la France. Et Arthur se produit aussi en duo sur un fil accompagné par un guitariste. À la question “Est-ce un talent inné de savoir exécuter de tels numéros ?” Arthur répond simplement : “Il n’y a pas de talent, que de l’entraînement”.

Et à la question, “Pourquoi la recherche d’équilibre est-elle si importante pour vous ?” il conclut, philosophe : “Ça n’existe pas l’équilibre. C’est le déséquilibre qui nous rend vivant, en recherche”. Tout est dit.

Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz

REPÈRES
1987 : Naissance à Paris XIVe.
1997 : Arthur débute le cirque à l’ESV.
2002 : Il entre en CAP palefrenier à Tours.
2009 : Il intègre l’École nationale du cirque pour cinq ans.
2019 : Il crée son premier spectacle, “Robert n’a pas de paillettes”.
2021 : Arthur crée sa compagnie de cirque, La Fauve, et dans la foulée son deuxième spectacle, “Rêve parade”, lors de la Nuit blanche.

 

Son Insta : instagram.com/arthur_sidoroff
L’Insta de la compagnie : instagram.com/lafauve_

 

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