Gwenn Thomas-Alves, porte-voix de la jeunesse

Publiée le 16 septembre 2024 - Mise à jour le 17 septembre 2024

©2024 JR

Les bouclettes en bataille, les yeux clairs et rieurs, la tenue décontractée, Gwenn Thomas-Alves est un jeune homme de son temps, joyeux, curieux, à l’histoire ordinaire. Et toute sa force militante pourrait se résumer à cela. Voici son parcours, de la maternelle à la présidence du premier syndicat lycéen.

Selon lui, Parcoursup est un “carnage”

Les mobilisations à Jean-Macé sont de “haut niveau”. Il avoue entre deux gorgées de café “avoir trop kiffé” ses deux années de syndicalisme lycéen. Gwenn Thomas-Alves utilise le vocabulaire de sa génération.
Pour autant, il déborde d’énergie, à peine fatigué par ses études et toutes les actions, manifs, blocus et tracts, menées durant ces derniers mois très chargés en actualité : réforme des retraites, loi immigration, mort de Nahel, choc des savoirs, dissolution de l’Assemblée, guerre en Palestine...

“Je me suis retrouvé sur tous les plateaux de télé. Ça fait bizarre !” raconte-t-il, fier de son expérience et sûr de l’intérêt de faire le lien entre la politique et les lycéens de banlieue qui pourraient, à tort, se sentir exclus du débat.

Mais comment Gwenn est-il arrivé devant les projecteurs ?

“Au collège, j’étais un bon élève, mais plutôt dissipé. Je me prenais des heures de colle, des rapports, j’ai même été exclu un jour ! J’aimais bien l’histoire, mais j’étais surtout intéressé par Fortnite.”

En creusant un peu, l’étudiant en sciences politiques raconte tout de même quelques détails qui en disent long. Ses parents sont politisés, pas encartés mais présents sur les manifs, et le petit Gwenn porte très tôt la pancarte “La retraite à 62 ans, c’est non !” En 2012, il a 7 ans lors des élections présidentielles. Il écrit le nom et résume le programme de chaque candidat sur un petit cahier. Quelques années plus tard, il s’éclate à Gare au théâtre et invente la trame de la pièce de fin d’année autour d’un grand patron exécrable. “Ma mère a vécu un licenciement collectif. Mon frère et moi connaissons ce genre de difficultés de près.” Puis arrivé à Jean-Macé, son prof d’histoire lui propose de rejoindre le conseil de la vie lycéenne (CVL). Il accepte pour agir sur un point précis : l’état déplorable des toilettes. “Pas de papier, pas de savon, des portes cassées, pas assez de WC. Des fuites. C’était la cata.” Le début des revendications est donc basique mais essentiel. Mais rien ne bouge, même après des lettres et pétitions. Alors Gwenn, devant l’absence de syndicat dans le Val-de-Marne, crée la FIDL 94 (Fédération indépendante et démocratique lycéenne) et en devient vite le président.

Repères
2005
: Naissance à La Tronche (Isère), le 28 octobre.
2009 : Installation avec ses parents à Vitry.
2021 : Intègre le conseil de la vie lycéenne de Jean-Macé.
2023 : En avril, il est élu président de la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne).
2023 : En octobre, il est élu président de l’USL (Union syndicale lycéenne).
2024 : Il obtient son passage en deuxième année de sciences politiques à Nanterre.

C’est le début d’une aventure faite de rencontres, de déplacements, de réunions, de combats pour des locaux décents, pour la solidarité envers des jeunes sans abris, contre les réformes de l’éducation en cours. Le lycéen adore. Il se sent utile, à sa place. Et développe son expression orale au fil des prises de parole. “J’ai toujours adoré parler, les exposés tout ça.” Mais Gwenn et ses pairs deviennent vite trop indépendants pour la FIDL. “On voulait décider nous-mêmes.” Ces désaccords l’amènent alors à participer à la création de l’USL (Union syndicale lycéenne). “J’ai dû arrêter en juillet car je passe en deuxième année de fac, mais je ne vais pas m’arrêter de militer pour autant.”

Pour le moment, c’est petit boulot et objectif vacances à Lisbonne, mais dès la rentrée, Gwenn repartira sur le front contre le fascisme, le sexisme, pour la paix et l’écologie, et ce “tant que le monde ne sera pas cool pour tout le monde”. Et restera pour sûr habitant de Vitry qu’il adore pour sa mixité, son ambiance. Reste à savoir si la prochaine fois, vous le retrouverez attablé chez O’dwich ou plutôt derrière votre écran.

Son Insta : instagram.com/gthomasalves
Son Twitter : x.com/gThomasAlves

Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz

 

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