Des Vitriots aux Jeux olympiques

Douze matchs de qualification masculine sur le terrain de rugby à 7 attendaient une centaine de Vitriots âgés de 19 ans à 80 ans, le 24 juillet au stade de France. Deux jours avant l’ouverture même des JO, ces épreuves les ont propulsés dans un stade bondé et enfiévré, ambiancé par des DJ. Une effervescence communicative. Arrivés en car de la ville, ils avaient été invités par cette dernière, via la Maison des Vitry’haut, le centre social Balzac, le sport adapté senior, la mission locale, à profiter d’un de ces moments sportifs de la fête olympique unique et populaire.

Installés au nord, sur les gradins intermédiaires, avec une magnifique vue pratiquement dans l’axe des poteaux de but, ils se sont laissés prendre par la “ola” et le jeu nerveux et sans répit de ces matchs accomplis en 2 mi-temps de 7 minutes.

Des invités enthousiastes et fiers

Neuf d'entre eux, en contrat d’engagement jeune de la mission locale Ivry-Vitry, assis côte à côte au même rang, découvrent le site et le jeu. Selma, 25 ans, est « ravie et excitée par la bonne ambiance ». Nathanaël, 19 ans, du Coteau-Malassis, raconte son enthousiasme :

« Ce matin, déjà en me réveillant, je pensais à cet instant… Je suis content d’être là dans ce Stade de France que je ne connaissais qu’à la télé, même si je ne connaissais pas les règles de rugby, je suis plutôt amateur de foot. Les JO, c’est un peu comme la coupe du monde, tous les 4 ans, sauf que la dernière fois en France, c’était il y a 100 ans. C’est magnifique ! »

Plus loin sont rassemblés les Vitriots invités par le biais du centre social Balzac et, pour Lydie et Gérard, tout sourire, en attente des affrontements annoncés sur le terrain, « le moment est inédit ». Tout près, des retraités, fidèles usagers de l’activité physique adaptée proposée par la ville, se laissent happer par le jeu. Blandine, 72 ans, absorbée par la rencontre Australie/Samoa, « évidemment » supportera la France bientôt sur le terrain.

« J’en aurais bien pratiqué plus jeune mais il n’y avait pas d’équipe féminine à l’époque », avoue cette amatrice de rugby.  

Laurent, 63 ans, du Port-à- l’Anglais, se sent « devenir un peu chauvin ». Habillé en élégant survêtement officiel des JO, il fait claquer une main un plastique. « C’est un de ces moments qui apportent du bonheur, pas besoin d’aller voir le médecin », commente-t-il. Olivia, 33 ans, du Moulin-Vert, venue avec la Maison des Vitry’haut, agite ses tresses africaines, elle est à fond pour le Kenya opposé à l’Argentine.

« Trop, trop contente d’être là dans la bonne ambiance, la musique, les gens sympas. J’ai fait beaucoup d’envieux dans mon entourage », avoue-t-elle en postant sur son téléphone photos et commentaires…

Fatiha, 58 ans, bénévole à la Maison des Vitry'haut, assise en djellaba près de son mari, sort de sa réserve quand le Kenya marque un essai à l’issue d’une folle course. Elle exulte avec 80 000 personnes en émoi et se lève quand l’équipe de France entre sur le terrain pour affronter les USA. Jamais elle ne regarde le rugby à la télé, à la rigueur les fins de match de football avec sa famille. « Tu les vois juste courir. Là, on rentre bien dans le jeu, c’est immense, c’est beau. Je suis heureuse qu’on nous ait offert la place. »

Henri, 67 ans, du Coteau, fan de rugby, a sauté sur l’occasion. Avec son épouse Marie-José, ils n’auraient pas manqué cela.

« Pour moi qui viens parfois au stade, le rugby à 7 est une nouveauté. » Tendu pendant le jeu de la France qui égalisera à 12 après que l’adversaire ait sorti le ballon dans les dernières secondes, il commente : « match très intéressant mais indécis. J’ai aimé l’engagement des bleus, leur solidarité, mais en face, il y avait une bonne équipe… »

Gwénaël le Morzellec
Photographies Julian Renard