Mobilisés pour leurs droits devant la préfecture

Publiée le 30 mai 2024 - Mise à jour le 31 mai 2024

Rassemblés devant la préfecture à Créteil le 29 mai, les habitants en attente de titre de séjour ont protesté. Le collectif de soutien dénonce maltraitances et mensonges.

Le 29 mai, sous la pluie, devant la préfecture à Créteil, une foule vaillante d’une cinquantaine d’habitants et de militants a protesté à force de banderoles et de déclarations au micro contre les obligations de quitter le territoire français (OQTF), les attentes insupportables de réponse d’un an et plus, les inexactitudes qui suffisent au rejet de leur dossier.  

Inexactitudes

Dans le groupe, Jihen, Vitriote, lycéenne de 16 ans scolarisée à Chérioux, entourée de près de six professeurs et d’une camarade, attend l’arrivée de sa mère, Fadila. C'est la seconde fois qu’elle manifeste. La première fois, la moitié de sa classe l’avait accompagnée.

« Ma mère, qui a demandé le renouvellement de son titre de séjour à l’automne, a reçu une obligation de quitter le territoire français en février. On lui a écrit qu’elle devait rejoindre ses deux enfants en Algérie. Pourtant, tunisienne, elle n’y a jamais vécu, et mes frères de 18, 21, 27 ans et moi vivons avec elle ou près d’elle en France. Ses parents, de nationalité française, habitent dans la région parisienne. Si l’obligation se confirmait, je serai obligée de partir avec elle, mais pas mon plus jeune frère qui, lui, a reçu une carte de séjour. »

Pour Jihen et sa famille, c’est un choc. « Après l’incompréhension, c’est la tristesse et un sentiment d’injustice. » Dès février, un recours a été déposé au tribunal administratif, mais, depuis, le dossier est en analyse, leur dit-on, et la date d’audience toujours pas fixée. L’entourage de Jihen, les Copains du monde du Secours populaire français et le Secours catholique où elle est bénévole ont envoyé des témoignages en vue d’aider sa maman.

Soutien encourageant

« La présence des soutiens nous encourage, déclare-t-elle. L’entraide, la compassion montre que l’humanité existe bien chez les gens. »

Les entourait le collectif toujours mobilisé et composé, entre autres, de Réseau éducation sans frontières, Ligue des droits de l’homme, Solidaires94, CGT-Educ’action94, Fontenay-diversité, SUD-éducation94, Association de soutien aux étrangers du Val-de-Marne, FSU94, FCPE94, Collectif ivryen de vigilance contre le racisme…

Situations dramatiques

Plusieurs de ses membres ont exposé les situations dramatiques et principes d’humanité bafoués :

  • une Ivryenne, dont les enfants réfugiés doivent être opérés de maladies graves, qui perd travail puis logement après qu’on tarde à lui remettre son titre de séjour ;
  • un alternant d’Alfortville disposant d’une promesse d’embauche mais en attente de renouvellement de papiers depuis 9 mois ;
  • Saïd, centre-africain en BTS, contrôlé et à qui est imposé une OQTF et 2 ans d’interdiction de territoire, avec à charge une entrée sans visa et pas de demande de titre de séjour, alors qu’il dit prouver le contraire.

« Outre l’anxiété, l’insécurité, les vies brisées, l’administration fabrique des sans-papiers, estime le collectif. Les décisions sont arbitraires pour certaines, reposant sur des informations erronées, mensongères. »

Mamoudou, Vitriot trentenaire, venu sous la bannière des sans-papiers grévistes de Chronopost, groupe en lutte depuis 2019 pour obtenir toutes les régularisations, conclut : « on veut être comme tout le monde, avoir les papiers, travailler légalement, cotiser ».

Gwénaël le Morzellec

À signaler : Christian Schweyer, animateur du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry, a publié “Postiers sans-papiers”, qui expose la lutte du piquet Chronopost de juin 2019 à janvier 2020 à Alfortville. Édité par Syllepse, 15€.

 

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