Sanofi : les employés vent debout contre les suppressions de postes

Publiée le 30 avril 2024 - Mise à jour le 27 mai 2024

©2024 Alex Bonnemaison

Les grévistes de Sanofi protestent, ce mardi 30 avril, auprès des actionnaires et investisseurs du groupe pharmaceutique à Paris. Ce dernier se défait de 330 postes en France, principalement en recherche & développement oncologique, dont 288 à Vitry.

« On se sent écœurés, dégoûtés, trompés, amers », lancent Christine et Christelle, chimistes, et Laurent, chercheur en oncologie, au groupe pharmaceutique Sanofi depuis une trentaine d’années.

En effet, le 19 avril, la société faisait connaître son plan de sauvegarde de l’emploi : fermer en recherche et développement oncologie 1 200 postes dans le monde, 330 en France dont 288 à Vitry (26 à Montpellier, 16 à Gentilly).

Ce mardi 30 avril, impasse des Ateliers à Vitry, sur le parking de l’entreprise, 100 grévistes en blouse blanche aux côtés des couleurs de l’intersyndicale CFTC, CFDT, CGT posent pour la photo avant de rejoindre en car, à Paris porte Maillot, le congrès des actionnaires de Sanofi pour protester.

Car cet énième plan destructeur d’emplois affiche, cette fois, la décision franche du groupe pharmaceutique en France et dans le monde : se défaire de la recherche oncologique. Une stratégie considérée comme une traîtrise, voire une erreur par les salariés, et qui choque l’opinion publique, le monde politique, la sphère de la santé.

Stratégie qui choque

Selon Laurent Vidard, par ailleurs délégué syndical CGT : « en trente ans, la société a très peu abouti à la création de nouveaux médicaments contre le cancer, faute de savoir gérer l’innovation en interne ou de vouloir devancer la concurrence. Au contraire de ses concurrents, elle mise maintenant sur l’immunologie en anticipant trop la baisse des retours sur investissements des brevets en oncologie qui tomberont dans le domaine public en 2031 ».

Une erreur d’après lui : le secteur mondial oncologie va représenter plus de 300 milliards de dollars dans quelques années.

À Sanofi, l’intersyndicale s’est nationalement mobilisée aujourd’hui à l’occasion du conseil d’administration des actionnaires où elle réclame d’être entendue.

« Pour éviter les licenciements, nous utiliserons tous les moyens légaux : grève, manifestation, interpellation des politiques, conférence de presse », annonce la CFTC par la voix de sa déléguée syndicale centrale et de son délégué sur le site, Emmanuel Dard.

« Nous intenterons aussi des actions juridiques concernant le plan de sauvegarde de l’emploi », ajoute Fabrice Morency, délégué CFDT à Vitry.

Des licenciements économiques impensables

« On prévoit des actions chaque semaine, indique Éric Brohan, secrétaire général CGT sur le site, on ne veut pas de départ contraint, de licenciement économique, ce ne sera pas entendable au vu des fonds publics dont bénéficie le groupe pharmaceutique, notamment le crédit d’impôt recherche et la défiscalisation concernant l’immobilier. »

En effet, à la différence des autres vagues de réduction de postes, les reclassements au sein du groupe ne sont pas garantis par la société.

Les négociations réglementaires démarrent mi-mai et doivent s’achever début septembre, avant consultation et avis de l’Inspection du travail.

Côté chercheurs, Laurent s’inquiète : « 92 chercheurs en oncologie en moins à Vitry, soit 50 chercheurs restant, cela signifie la disparition de la recherche oncologique à Vitry sous trois ans ». Côté chimistes, Christine et Christelle, la cinquantaine, sont chamboulées : sur 89, seuls 9 professionnels gardent leur poste.

« Avec les ponts, les vacances, il reste peu de temps aux négociations, on a le sentiment que la société veut aller vite », ajoute Christine, qui vit un deuxième plan social en deux ans.

Elle avait bénéficié d’un poste à Vitry après la fermeture du site de Chilly-Mazarin, aujourd’hui… vide.

Gwénaël le Morzellec

État interpelé
Le sénateur du Val-de-Marne, Pascal Savoldelli, a interpelé l’État fin avril, rapporte le Journal officiel. Alors que Sanofi bénéficie a minima de 130 à 150 millions d'euros de réductions fiscales liées au crédit impôt recherche pour financer ses activités de recherche & développement, le sénateur appelle l'État à prendre ses responsabilités et lui demande les mesures qu'il compte prendre pour amener le groupe à revoir ces orientations à l'impact négatif pour l'emploi et pour la recherche en santé en France.

 

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