L’international, levier de développement pour la FSGT

Publiée le 16 mai 2023 - Mise à jour le 16 mai 2023

© Julian Renard

Les 11 et 12 mai, la FSGT organisait, à Vitry, un séminaire d’échange des pratiques pour un développement du sport pour toutes et tous en France et à l’international, fondé sur son expérience en Palestine.

Accueillies dans la salle du conseil municipal par Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry, Albertino Ramaël, adjoint à l'Ouverture sur le monde, Sonia Guénine, adjointe aux Solidarités, et Valentin Ierg, adjoint au Sport, une centaine de personnes venues de France et de l'étranger ont échangé sur le thème du sport populaire, à l'invitation de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), les 11 et 12 mai.

« C’est un événement de la FSGT auquel nous n’avons pas hésité à nous associer. C’est une joie d’accueillir nos invités internationaux pour ce temps de réflexion sur le sport populaire souvent laissé pour compte des politiques nationales. Ici, il s’appuie sur des trésors d’engagement pour la solidarité internationale et la démocratisation des pratiques. »

Les personnes présentes venaient de diverses régions de France, des territoires occupés et camps palestiniens, d'Égypte, du Liban, de Jordanie et de la République arabe sahraouie démocratique. Elles étaient issues de la FSGT, de Caritas France, de coopération décentralisée de communes ou départements, d’associations telle l’association de football des amputés de Gaza, de collectif de chercheurs, de ministères palestiniens...

Dans le cadre du programme large de la FSGT « Pour une éducation sportive émancipatrice pour tous et toutes en Palestine (2019-2023) » qui vise à contribuer à la démocratisation de l’accès aux activités physiques et sportives émancipatrices pour tous et toutes, dans les territoires palestiniens occupés, ce séminaire, nourri de 3 années d'expérience avec la Palestine, avait pour dessein d'élargir les activités de la fédération dans le monde, notamment dans le milieu scolaire.

Dans une atmosphère aux couleurs du keffieh et au son des voix des interprètes en arabe et en français, la salle du conseil a surtout résonné des avis et alertes d’animateurs sportifs et d’élus palestiniens venus des territoires occupés et des camps de réfugiés, espaces aux libertés très contraintes. Pendant deux jours, les plénières et ateliers anglés et minutés ont été détendus mais studieux.

    Sport et résistance

    Des obstacles à la pratique du sport, comme les incursions surprises des autorités occupantes qui chamboulent l’activité ou les freins administratifs aux initiatives souhaitées, ont été rapportés par les Palestiniens, professeurs de sport, animateurs, agents ou élus agissant pour la coopération décentralisée.

    « Un de nos animateurs est mort pendant un entraînement, un autre a perdu son père, explique Salah, un coordonnateur, nos tournois prévus ne peuvent avoir lieu, nous ne pouvons pas nous réunir à Ramallah donc nous faisons nos réunions sur Zoom. »

    Une animatrice précise la situation à Battir : « on ne nous permet pas d’utiliser le grand terrain attenant au collège pour le football, nous n’avons pas d’espace. Et dans les camps où les rues sont étroites, la grève des écoles depuis trois mois prive encore d’avantage les enfants. Mais malgré cela nous persévérons, c’est un grand acte de résistance que nous faisons ».

    Leurs actions marquent cependant des points.

    Aseel, venue de Battir, se réjouit « de la participation de parents avec leurs enfants aux rencontres sportives pour tous organisées, du réseautage local que cela a occasionné et de la participation des femmes au marathon, cela apporte un bienfait physique et mental ».

    De Gaza, un autre témoignage rapporte « le bienfait essentiel pour les personnes handicapées, amputées, victimes d’accident et de tirs qui accèdent au foot et au basket », ou ailleurs en zone urbaine dense, la participation plus fortes des habitants, dont les personnes marginalisées.

    Sulaiman, responsable du service des Sports de Jéricho, estime « très positif l’impact de la coopération menée avec la ville de Vitry et la FSGT. Avec nos 20 animateurs, des volontaires recrutés via Facebook, nous avons ciblé, dès 2022, enfants, personnes marginalisées, familles, et décidé pour cela de mettre à disposition de tous les citoyens notre complexe sportif, seul équipement de la ville, jusqu’alors réservé aux clubs enregistrés. Nous avons organisé des Olympiades en décembre dernier et, aujourd’hui, la population a adhéré à cette nouvelle vision. 200 personnes viennent dont 120 régulièrement chaque semaine ».

    Expérience palestinienne à élargir

    Au cours de ces deux journées ont été lancés :

    • la création d’un collectif d’animation d'un réseau d’animateurs en Palestine et d'une association palestinienne pour le sport populaire ; 
    • la collecte de fiches-territoires et des obstacles rencontrés pour mettre en place des actions ;
    • le projet d’un diplôme international de sport pour tous et toutes, notamment avec les universités.

    Quant au projet Méditerranée avec Caritas France, consolidé par l’expérience palestinienne de la FSGT, il est sur le point d’être validé par l’Agence française de développement.

    « C’est un séminaire marquant, affirme la coprésidente de la FSGT, Emmanuelle Bonnet Oulaldj. Notre projet d’émancipation par le sport va s’élargir à la Méditerranée en Jordanie, au Liban, en Égypte et en Algérie et, bien sûr, en Palestine. Historique, il résulte d’une démarche d’actions anciennes de 40 ans avec la Palestine. Nous avions créé l’événement en 1981 en reconnaissant le mouvement sportif palestinien, puis favorisé en 2010 la construction de la première et unique piscine en zone occupée à Hébron. En 2024, aux JO, nous voulons montrer la force du sport populaire et solidaire, peut-être sous forme d’accueil de délégations. »

    Sport populaire moteur d’émancipation

    Cette rencontre aura soulevé des questions phares de la FSGT et réaffirmé des pistes déjà explorées, par exemple : 

    • le sport comme levier d’émancipation en Palestine et l'accompagnement des partenaires locaux ;
    • JO 2024 : quelles solidarités internationales ?
    • les animateurs sportifs : des acteurs clé ; 
    • la pratique du sport partagé comme levier de développement local ;
    • la participation : une force d'action individuelle et collective ; 
    • le genre, l’accès aux personnes en situation de handicap, aux exilés et réfugiés ; 
    • la formation…

    Gwénaël le Morzellec

     

    Soyez le premier à réagir à cet article

     
    Laisser un commentaire
    Validation *

    À des fins de sécurité, veuillez selectionner les 3 premiers caractères de la série.

    *Champs obligatoires

    Partager sur :

    FacebookTwitter

    Envoyer :

    Envoyer