Nicolas Surlapierre, Vitriot et directeur du musée MAC VAL

Comme chaque soir, il se promène dans les allées de l’immense musée d’art contemporain. “C’est très important de rester en contact avec les œuvres”, explique Nicolas Surlapierre, le nouveau directeur du MAC VAL depuis le 3 octobre dernier. Même s’il connaît la collection sur le bout des doigts, ce grand spécialiste de l’art contemporain n’oublie pas la fonction protectrice d’un musée pour les trésors qu’il recèle – œuvres, idées, valeurs – mais aussi les personnes qui y travaillent.

Lui qui a franchi toutes les étapes depuis la prépa littéraire jusqu’à des postes prestigieux en passant par un doctorat en histoire de l’art, se confie sur sa passion pour le patrimoine et, simplement, pour les objets. “Mes parents nous ont toujours emmenés mon frère, ma sœur et moi dans des expos, visiter des châteaux, des cathédrales. Ma mère adorait chiner aux puces de Vanves aussi. J’y ai passé beaucoup de temps ainsi que dans les salles de ventes. Cela crée un œil, j’en suis certain”, raconte l’esthète dans son bureau vitré qui donne sur le jardin du musée. “J’ai une vue magnifique. Cet espace est très important, car les Vitriots y viennent pique-niquer, faire du sport et bientôt le restaurant y rouvrira”, poursuit-il en s’enveloppant dans une étole supplémentaire en cette soirée de premières neiges.

Tout le monde doit se sentir bien au musée

L’homme, qui a parcouru la France au gré de ses différents postes, a vite compris l’image d’exception que le musée inspire, mais aussi parfois la gêne à y entrer lorsqu’on se sent néophyte. “Tout le monde doit s’y sentir bien. C’est une chance immense d’avoir un tel équipement en banlieue parisienne. Et je veux que les habitants y ressentent une grande fierté, celle d’être dans un des plus grands musées de France. C’est un axe que nous devons travailler.”

Nicolas rêvait de ce poste depuis l’ouverture du musée en 2005. Alors, même s’il connaît peu sa nouvelle ville de résidence, il en vante déjà les charmes. “Cela compte d’habiter près du musée, de percevoir tout ce qui gravite autour. Ma première soirée à Vitry, il faisait encore assez chaud. L’ambiance était spéciale. Tout était ouvert. Il y avait du monde dans les rues. Ce mélange des cultures. L’architecture contrastée. Cela m’a plu, m’a fait un peu penser à Marseille.” Depuis, vous le croiserez peut-être dans un de ses lieux de prédilection, le parc Joliot-Curie, le marché ou encore les 3 Cinés. À moins qu’il ne suive un itinéraire de course à pied commun au vôtre ? “Je n’ai pas encore tout découvert, car je travaille souvent tard le soir.”

Ma porte reste toujours ouverte

Et pour cause, les projets fourmillent dans le musée depuis son arrivée, nouveaux parcours, invitations d’artistes, collaboration avec Beaubourg... “Ma porte reste toujours ouverte”, insiste le nouveau directeur du MAC VAL. Pas question de se rendre inaccessible. Malgré la montagne de connaissances qui se devine derrière le regard assuré, se dessine surtout un homme sensible, amoureux de la culture et de son pouvoir revigorant. “On réfléchit à comment donner une place au street art. Cela me semble incontournable. Même si certains diront que je cède à la facilité, je ne crois pas. Il y a des œuvres remarquables.”

Katrin Acou-Bouaziz

Repères
• 5 janvier 1971 : Naissance à Nancy.
• 2001 : Il publie sa thèse Les Artistes allemands en exil en France de 1933 à 1945 : histoire et imaginaire.
• 2002 : Nicolas Surlapierre occupe son premier poste de conservateur du patrimoine au musée Matisse du Cateau-Cambrésis (2002-2003) puis au LaM – Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut.
• 2009 : Il devient directeur des musées de Belfort, du Lion de Bartholdi et de la Citadelle.
• 2016 : Il dirige les musées du centre à Besançon, dont le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, le musée du Temps au palais Granvelle.
• Octobre 2022 : Il succède à Alexia Fabre à la direction du MAC VAL.

Vidéo visible le 3 janvier à 18h