La guerre d’Algérie vue par les artistes
Publiée le 24 juin 2022 - Mise à jour le 24 juin 2022
Œuvres d’art et archives inédites sur la guerre d’Algérie s’exposent à la Maison de la vie associative, jusqu’au 5 juillet, dans le cadre de l’exposition élaborée par l’association Art et mémoire au Maghreb et la Fédération départementale du Secours populaire. Plusieurs habitantes et habitants ont répondu présent lors du vernissage, le 17 juin dernier.
C’est à un travail considérable que se sont livrées deux associations pour proposer une exposition passionnante à l'occasion des 60 ans de la fin de la guerre d’Algérie.
Des artistes et des humanistes
Il y a d’abord l’association Art et mémoire au Maghreb, dont la présidente, Chantal Chanson-Sabeur, a mis la main sur des archives du ministère de la Défense, des photographies essentiellement, comme celle de l’arrestation de Zohra Drif et de son mari Yacef Saadi marquant la fin de la bataille d’Alger. Pugnace, Chantal Chanson-Sabeur est également parvenue à exposer une peinture qui repose habituellement au Mac Val, prêtée spécialement pour l’occasion, "Selon Charef", une huile sur toile réalisée par le peintre algérien Abdallah Benanteur en hommage à son frère engagé pour l’indépendance de l'Algérie et mort au maquis.
Il y a aussi le Secours populaire et sa fédération du Val-de-Marne qui est allée fouiller dans les archives de l’association pour donner à voir l'engagement porté durant la guerre d’Algérie : journaux, tracts, affiches et articles écrits par des humanistes pour alerter sur les conséquences humanitaires "des événements".
"Autant de preuves que, finalement, les valeurs de l’association n’ont jamais changé", affirme Patricia, une militante vitriote, membre de l’association, venue assister au vernissage, vendredi 17 juin dans la salle polyvalente de la Maison de la vie associative. "Tout cela rend la devise du Secours populaire encore plus poignante : tout ce qui est humain est nôtre."
L'adjointe au maire en charge du Devoir de mémoire, Laurence Jeanne, a tenu à féliciter les deux associations pour "cette exposition magnifique".
"Merci de faire vivre le devoir de mémoire dans la ville. Grâce à votre engagement, nous avançons dans la construction d’une mémoire partagée et apaisée", a-t-elle déclaré.
"Une initiative extrêmement précieuse !"
Parmi le public rassemblé, le fils d'Alban Liechti, premier soldat à avoir refusé de porter les armes en Algérie, a fait honneur de sa présence. Accompagné de sa guitare, il a clamé quelques-uns des textes rédigés, alors qu'il était enfant, pour son père absent et emprisonné.
"Ça me donne des frissons de l’entendre", sourit Nawell, Vitriote et franco-algérienne, venue avec sa mère. "Je ressens de la joie et de la fierté de voir et savoir que des Français comme Alban, membres du Parti communiste, ont aidé les Algériens dans leur lutte pour l’indépendance. Cette histoire si violente, c’est si rare d’en entendre parler. Elle ne vit que dans la mémoire et les souvenirs de nos grands-parents, alors, forcément, pour nous qui en héritons, ce genre d’initiative est extrêmement précieuse !"
Comme Nawell, Richard n’était pas né lui non plus en 1962. Vitriot qui habite le quartier, il a fait le déplacement par curiosité, pour s’informer et pour tenter aussi de comprendre cette part de l’histoire de France.
"Cette histoire partagée a encore des conséquences aujourd’hui. S’y intéresser, c’est important, et cela fait encore plus sens dans une ville multiculturelle comme la nôtre", explique-t-il.
Certains prévoient déjà de revenir assister à l'exposition, en groupe. "Une visite organisée par les centres sociaux, ce serait super chouette !" se réjouit Hakima Bouadda, membre des Portes du Midi, bien convaincue que le thème sera fédérateur.
En attendant, une visite commentée avec la présidente de l'association, Chantal Chanson-Sabeur, aura lieu le 30 juin à partir de 12h15. Venez avec vos sandwichs, l'association offre thé, café et boissons.