Monique Pinçon-Charlot au festival du Roman noir et social

Publiée le 26 novembre 2021 - Mise à jour le 03 décembre 2021

Monique Pinçon-Charlot, sociologue spécialiste des très grandes fortunes, chercheuse populaire, est invitée avec son compagnon Michel Pinçon à la 2e édition du Festival du Roman noir et social.

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon participeront, dimanche 5 décembre, à 14h, à l’hôtel de ville, à une rencontre-débat puis dédicaceront leur nouvel ouvrage « Notre vie chez les riches ». Monique raconte ici comment sciences sociales et roman noir et social se rencontrent.

Vous sentez-vous proche du roman noir et social ?

Le choix de travailler ensemble, Michel et moi, sur la sociologie des dynasties familiales fortunées de la grande bourgeoisie et de la noblesse résulte d’une envie intellectuelle et politique de rendre visible l’arbitraire des rapports de classe, à l’origine des inégalités abyssales que nous connaissons aujourd’hui. À la manière du commissaire Maigret créé par Georges Simenon, nous sommes partis à la rencontre des riches pour observer leurs modes de vie, analyser leurs discours et montrer que, sous couvert d’innovation et de modernité, la reproduction de leurs richesses et de leurs pouvoirs, sans aucun ruissellement vers les classes moyennes et populaires, est leur seul objectif dans la vie ! Exactement comme "Le Pélican" de Robert Desnos. Conclusion : des géants aux pieds d’argile pourraient être vaincus par les foules unies dans la joie autour de leur gigantesque omelette, bien battue par tout un chacun.

Quelle découverte suite à vos recherches vous a exaltée ?

Une de nos principales découvertes est celle du communisme mis en œuvre là où on ne s’attendait pas à le trouver ! Cette classe sociale, au sommet des pouvoirs et des richesses, fonctionne ainsi avec des stratégies qui sont le résultat d’un travail collectif, conscient et assumé, sans chef d’orchestre, pour que chacun de ses membres en défendent naturellement les intérêts. Ces stratégies sont continûment réactivées dans l’entre-soi des beaux quartiers, des cercles ou des conseils d’administration et d’une sociabilité mondaine qui inscrit, perfectionne et entretient, dans la joie et les festivités, la solidarité et la conscience de classe. Une forme de communisme de luxe et de pouvoirs qui ne nous a pas exaltés, mais décidés à le transposer dans les classes laborieuses, afin d’en finir avec l’exploitation capitaliste !

Quel scénario de roman noir et social aimeriez-vous explorer ?

Nous baignons depuis 1986 dans ce même scénario noir et social auprès des riches et des ultra-riches ! Nous avons publié plus d’une vingtaine d’ouvrages pour décortiquer par tous les bouts cet objet de recherche, des beaux quartiers à la chasse à courre en passant par les paradis fiscaux et leurs châteaux classés monuments historiques. Mais nous allons continuer, même « vieux fourneaux » que nous sommes devenus, à donner à voir jusqu’où les membres de cette petite oligarchie sont prêts à aller pour encaisser toujours plus de profits alors que la planète est soumise à des feux géants, à la sécheresse et des ouragans dévastateurs, dont la prédation capitaliste est pourtant la cause ! Nos mémoires récemment publiées permettent de comprendre les hypothèses, les méthodes et les astuces mises en œuvre pour parvenir à devenir votre cheval de Troie au cœur du réacteur.

Quel serait le héros ou l’héroïne de votre récit noir et social ?

Ce seront encore et toujours les familles fortunées et puissantes, mais sous de nouveaux angles, que vous découvrirez plus tard, car il faut maintenir le suspens ! Du fait que nous sommes très peu nombreux à mener des recherches sur cette classe sociale en tant que telle, il y a encore beaucoup de boulot ! Et l’actualité l’exige !

Gwenaël le Morzellec

Programme du festival du Roman noir et social

 

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